Zhou Dunyi (1017-1073) a vécu pendant la période prospère des Song et est considéré comme le premier philosophe à avoir popularisé le concept du Taiji qui sera repris par le mouvement Néoconfucéen Li Xue amené par Zhu Xi (1130-1200).
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Tout en haut de son diagramme du Taiji (Taiji Tu 太极图) se trouve un cercle désignant l’Origine. Ce cercle est parfois vide de couleur ou bien rempli de blanc, de rouge ou de noir. Ce Grand Vide Initial Wuji, non visible et qui contient tout, nous pouvons le rapprocher du « Champ du point zéro » selon les connaissances modernes de la physique quantique ou du « champ akashique » (tradition Hindoue) qui contient toute la mémoire des mondes, ou encore de l’Ether, l’élément central, par où la « lumière astrale » se propage.
Juste dessous se trouve la division droite/gauche en répartition Yin 阴 (隂 caractère traditionnel) à droite pour un observateur extérieur et Yang 阳 (陽 caractère traditionnel) à gauche. C’est la naissance du concept Taiji qui fait naître cette bipartition initiale au monde manifesté. Cette façon de représenter la face cachée ubac Yin qui a tendance à aller vers la passivité et celle ensoleillée de l’adret Yang qui représente l’activité, nous ramène aux deux trigrammes des Bagua 八卦 de l’alchimie taoïste Kan 坎 et Li 离 , aux éléments primordiaux du feu et de l’eau qui ont généré les formes. Au centre du Taiji se trouve toujours le cercle Wuji, la racine ou la « porte céleste » du Taiji et du Yin/Yang que l’on peut attribuer aux capacités de notre troisième œil ou œil céleste Tian Yan 天眼. Ensuite nous trouvons les « 5 agents » Wu Xing 五行 (feu, eau, métal, bois, terre) avec l’agent de la Terre au centre et qui sont surtout utilisés en médecine traditionnelle chinoise avec le cycle dit d’engendrement Sheng 生 et celui dit de contrôle Ke 克. Ensuite le cercle noir indifférencié au niveau des couleurs désigne cependant de nouveau deux répartitions en « femelle » provenant de la mère terre, matrice de la vie terrestre appelé Kun 坤 dans les Bagua et « mâle » provenant du principe céleste ou « père ciel », le générateur, nommé Qian 乾 dans les Bagua. Le dernier cercle du bas est annoté d’une phrase signifiant la « génération, la naissance des dix milles associations biochimiques, soit la totalité des êtres existants. L’ensemble de ce diagramme explicite la vision Taoïste et Néoconfucéenne de concevoir les différents niveaux de réalité allant de l’insubstantiel aux multiples formes substantielles. Comprendre cela revêt une importance capitale pour la réalisation de « l’Homme Véritable » Zhen Ren 真人 ou « l’Homme Taiji » ou encore « l’Humain Complet » Zheng Ren 整人.
Les 10 clés fondamentales de la pratique du Taiji Quan
dictées par Yang Chengfu (1883-1936)
1 - Xu Ling Ding Jin 虚灵顶劲 – « vider la nuque, le cou et pousser vers le haut »
Toutes les traductions du chinois aux langues indo-européennes sont difficiles à restituer dans leur sens d’origine, tout en évitant de les enfermer dans un sens trop restrictif et de fait, en laissant apparaître de nombreuses possibilités d’extrapolations sur différents niveaux de conscience et d’interprétations. Lorsque Ding Jin peut se traduire par « pousser vers le haut » nous pouvons nous interroger sur le type de force et « qui ?» pousse vers le haut.’autres traductions font apparaître que c’est à partir d’une « force insubstantielle », non liée à notre identité égoïque que la sensation d’étirement vers le haut ou d’être comme suspendu, se perçoit à travers le port de la tête et de sa couronne ; nous pouvons le rattacher au point vertex du Bai Hui 拜会 ou au chakra couronne. Vider le cou ou la nuque indique aussi une action interne de relâchement de ses tensions situées à la base du crâne, tensions empêchant le Jing Shen 精神ou « l’esprit de vitalité » de s’étendre vers la lumière, vers le haut, comme le font tous les végétaux.
Afin de relâcher les tensions qui maintiennent une agitation mentale spatio-temporelle, il convient de s’abandonner à cette force insubstantielle de soutien en diminuant considérablement l’activité mentale et toutes intentions préalables. La Présence seule, non identifiée est requise. C’est à partir de cet état méditatif, de ce niveau de conscience holistique, englobante, que la vitalité peut se manifester à son plus haut degré. Le Qi descend alors vers le Dantian inférieur donnant l’ancrage nécessaire à mobiliser son corps-énergie de façon naturelle et aisée.
La source de l’intention Yi 意 est Wu Yi 无意 comme la source du Taiji 太极 est Wuji 无极. C’est à partir de cette absence (de « moi »), provenant du non manifesté que la présence manifestée apparaît et permet au Qi 氣 de circuler librement, naturellement et au sang de nourrir toutes les cellules.
L’intensité de cette vitalité devient le témoin de la force insubstantielle qui soutient tous les êtres.
Cette première clé devrait être le ferment de tout le vécu, comme la racine de l’état d’esprit qui convient à l’émergence de la Conscience qui subordonne la force brute physique Man Li 蛮力.
Nous pouvons résumer toutes ces explications par « suivre les principes du Tao (Dao Li 道理) et retrouver l’état de spontanéité naturelle Zi Ran 自然 ». L’attitude corporelle et la droiture spirituelle s’accorde par une posture bien verticale Li Shen Zhong Zheng 立身中正.
2 - Han Xiong Ba Bei 含胸拔背 – « contenir, vider la poitrine et étirer le dos »
Cette clé est souvent mal interprétée au niveau de la forme du corps, au niveau de la poitrine qui se trouve exagérément creusée, concave. Contenir la poitrine indique qu’il ne faut pas la bomber sous peine de faire refouler et stagner le Qi 氣au niveau de la cage thoracique et ainsi fatiguer le cœur et augmenter la décohérence cardiaque et pulmonaire. Creuser la poitrine est nocif pour une alimentation énergétique correcte de la colonne vertébrale pouvant entraîner une baisse significative des capacités pulmonaires, barrière importante du système immunitaire qui protège des attaques externes comme le froid, le vent, la sècheresse, l’humidité,... C’est à partir de petits muscles situés au niveau du sternum que l’action de vider sa poitrine devient correcte, cela ne doit pas constituer un pli entraînant un creux s’étendant dans la zone du plexus solaire. Contenir sa poitrine naturellement et sans fermer les épaules vers l’avant produit la descente du Qi vers le Dantian inférieur Xia Dantian 下丹田. Cela équivaut à refroidir un moteur thermique avec de l’eau, soit refroidir son cœur-émotion Xin 心 avec l’eau des reins selon l’énergétique chinoise, ce qui favorise l’action claire de l’intention Yi qui peut alors réguler les émotions et faciliter la libre circulation du Qi et du sang.
Etirer le dos et légèrement l’incurver de façon convexe selon une ligne parallèle au sol et non dans le sens de la colonne vertébrale afin d’éviter de la voûter et d’augmenter la cyphose dorsale. Ainsi, le Qi se colle au dos Qi Tie Bei 氣贴背 et peut rendre toute la force aux membres supérieurs à travers l’ouverture de la porte du dos située entre les omoplates, ce qui libère la force transmise par la colonne vertébrale Li You Ji Fa 力由脊发. Le souffle ou le Qi descend alors facilement vers le Dantian inférieur Qi Chen Dantian 气沉丹田et le Qi interne ou Nei Qi coule vers le bas Nei Qi Xia Chen 内氣下沉, ce qui produit de multiples conséquences bénéfiques pour la santé physique et mentale, pour la stabilité physique et émotionnelle, pour l’équilibre postural et énergétique, pour la juste répartition du lourd Zhong 重 dans la partie basse du corps et du léger Qing 轻 dans la partie haute du corps. Le buste répartit correctement les énergies Yang sur la face postérieure du corps et les énergies Yin sur la face antérieure du corps en accord avec la médecine traditionnelle chinoise ou MTC.
3 - Song Yao 松腰 – « relâcher la taille »
La taille est le maître de tous les mouvements corporels Zhu Zai Yu Yao 主宰于腰, elle est le siège de l’énergie ancestrale Yuan Qi 原氣 contenue dans les reins et le Dantian inférieur. La taille se présente comme un cercle au-dessus du bassin, dont le point frontal correspond au nombril Shen Que 神阙 et le point dorsal à la « porte de vie »Ming Men 命门 située entre la 2ème et 3ème lombaire. La taille réunit les membres inférieurs et la connexion à la terre, la force des jambes puissamment reliées aux profondeurs du sol comme les racines des végétaux. Elle donne toute la mobilité au buste et donc favorise la propagation de la force au niveau des bras. Elle est aussi représentée par le méridien extraordinaire Qi Jing Mai 奇劲脉 de ceinture nommé Dai Mai 带脉, lequel permet au méridien d’assaut Chong Mai 冲脉 de nourrir l’axe vertébral.
Relâcher la taille est fondamental, pour générer un fort ancrage garant d’une grande stabilité posturale, pour mobiliser les énergies et relier le stable et l’instable, les racines avec la solidité du tronc et la fluidité des branches. L’erreur souvent commise par les pratiquants de Taiji Quan est de confondre le bassin Kua 胯 et la taille Yao 腰 et donc de mobiliser le bassin soudé ainsi à la taille. Les mouvements des épaules doivent être connectés aux mouvements de la taille et c’est à partir de la qualité de détente Song 松 dans cette région que tout le corps peut se détendre à son tour.
4 - Fen Xu Shi 分虚实 – « distinguer le vide, l’insubstantiel ; du plein, le substantiel »
Le mouvement c’est le Qi, c’est la vie et il ne peut s’effectuer que dans un déséquilibre permanent, comme une sorte de balancier dont l’axe de pivot se trouve être la taille et la colonne vertébrale tandis que les plateaux de la balance sont les pieds et les jambes. Le poids du corps se transfère ainsi d’une jambe sur l’autre permettant une motilité plus ou moins agile en fonction de la conscience de cette répartition.
D’autre part les caractères chinois Xu et Shi revêtent plusieurs sens dont celui d’irréel pour Xu et de réel pour Shi, ce qui revient à dire insubstantiel et substantiel. Derrière la mobilité réside l’alternance Yin/Yang dont il convient cependant de discerner (diviser le cercle en deux parties) afin de respecter convenablement cette loi universelle et de se mouvoir avec habileté, légèreté, virtuosité.
Beaucoup d’écoles effectuent les pivots en vidant le poids de la jambe vers l’arrière tandis que d’autres les réalisent avec le poids sur la jambe avant. L’important ce n’est pas de juger quelle serait la bonne méthode à adopter, mais d’expérimenter son efficacité.
Ce discernement est à rapprocher également de la notion d’alternance entre l’ouverture-assimilation Kai 开 et la fermeture-réunion He 合, plus directement reliées aux membres supérieurs, à la cage thoracique ainsi qu’à la ceinture scapulaire. Nous pouvons rajouter l’ouverture et fermeture des hanches avec le pied avant qui rentre vers l’intérieur Kou Jiao 扣脚 dans les phases de recul et pour effectuer une volte-face ou s’ouvre vers l’extérieur Bai Jiao 摆脚 pour avancer et ramener la jambe arrière.
5 - Chen Jian Zhui Zhou 沉肩坠肘 – « laisser couler les épaules et laisser tomber les coudes »
Pour que le Jin 劲 ou la force interne se propage correctement jusque dans ses doigts, il convient de bien placer ses épaules vers le bas et de les accompagner par les coudes qui descendent également. Les épaules sont des portes du Qi et pour que l’énergie coule vers le bas afin de restaurer le calme et la stabilité, base nécessaire aux mouvements clairs de l’énergie, il est important d’en prendre conscience. Les épaules et les coudes ont toujours tendance à s’élever, ce qui a pour effet de nous déraciner, déstabiliser et d’augmenter le feu des émotions et les battements cardiaques conduisant à une perte significative des énergies disponibles. Le terme Chen 沉 signifiant couler, sombrer, indique que la sensation que nous pouvons éprouver se rapporte à cette pénétration dans l’eau comme le ferait un bateau qui prend peu à peu sa place jusqu’au soutien de l’eau qui absorbe son poids et le neutralise. Pour créer les conditions de connexion de l’ensemble du corps, il faut faire descendre le Qi et l’attention dans le Dantian inférieur qui va générer la puissance au niveau des jambes. La ceinture scapulaire se relie ainsi à la ceinture pelvienne dont la taille. Les articulations vertébrales se renforcent donnant ainsi une grande force au dos et à l’esprit de vitalité Jing Shen qui circule dans la moelle et le cerveau. L’erreur est de croire qu’il suffit de relâcher les épaules pour déclencher les mouvements corrects du Qi. L’entraînement consiste à les faire descendre le plus intensément possible vers le bas grâce aux muscles du dos, provoquant ainsi la descente du Qi dans le Dantian inférieur.
6 - Yong Yi Bu Yong Li 用意不用力 – « utiliser l’intention et non la force physique »
C’est la force d’intention Yi 意 qui mobilise le Qi, les énergies et son expansion. La conséquence à cette intégration s’avère donner de la puissance Li 力 qui en est une des manifestations. Le caractère obsessionnel lié à ce vouloir être puissant par rapport à l’extérieur est un empêchement majeur à notre évolution au sein de cette pratique avant tout interne. Ce n’est pas la grosseur des muscles moteurs, des articulations du squelette, qui donne la puissance martiale contrairement aux images véhiculées de nos sociétés occidentales. Les tensions musculaires opèrent des stagnations du Qi et du sang, ce qui génère de la fatigue et diminue les capacités d’endurance que les muscles profonds de structure peuvent réaliser. C’est à partir du relâchement des muscles moteurs que les tendons se renforcent et constituent la liaison nécessaire à l’écoulement du Qi, du Jin et du Li. C’est à partir du Yi que le corps énergétique se tisse, que les liaisons se renforcent, que le Corps Intégral Zheng Ti 整体 se manifeste.
La pensée occidentale est tellement liée à l’objectivisation mesurable que nous sommes, au départ de cette recherche, très éloignés de tous ces concepts énergétiques fluides. Nos sensations et représentations corporelles sont plutôt lourdes et graves (gravité). Notre relation avec le corps est ambigüe et l’occidental se réfugie davantage dans une cérébralité coupée de son support physique ; pour ainsi dire, c’est la tête qui est capitale. L’expansion énergétique Peng Jin 掤劲 qui découle de l’attention portée sur le Yi et non le Li se répand comme l’eau de l’océan que rien ne peut entraver. L’océan a-t-il des muscles pour manifester sa puissance ?
Un pratiquant de Taiji Quan de haut niveau présente un corps d’acier flexible recouvert de soie ou de coton, ce qui lui confère une grande puissance intérieure, celle d’un fouet ainsi qu’une grande stabilité tranquille comme le buffle. Lorsqu’un pratiquant de la voie externe des arts martiaux cesse d’utiliser la force de ses muscles, il apparaît alors léger et fragile car sa force intérieure est vide.
7 - Shang Xia Xiang Sui 上下相随 – « le haut et le bas correspondent et se suivent »
Ce qui distingue nettement le débutant de l’expert dans cette discipline, c’est la dispersion San 散 des énergies pour le premier et l’unification Tong 统 de celles-ci pour le deuxième. Jie Jie Guan Tong 节节贯通, toutes les parties se synchronisent et se relient afin de participer dans un élan commun aux actions nécessaires. Le flux énergétique ne se coupe pas Bu Duan Jin 不断劲, les énergies peuvent se réunir pour manifester la puissance de l’ensemble He Zhu Jin 合住劲, le haut et le bas du corps se suivent, interagissent sans coupure de liaison et œuvrent de concert. C’est par la pédagogie d’enseignement de la liaison taille-épaules que le travail de tissage se réalise car cette manière d’enseigner déconnecte peu à peu l’hégémonie de l’hémisphère gauche du cerveau qui cherche toujours à tout contrôler. Le HG, via le système nerveux volontaire central, génère des actions directes entre la pensée et les mains, éteignant ainsi les sensations relatives au reste du corps.
8 - Nei Wai Xiang He 内外相合 – « l’intérieur et l’extérieur s’harmonisent, se réunissent »
Cette clé peut commencer à se vivre après un long cheminement de travail attentif et assidu. Le débutant commence par l’extérieur de lui-même Wai 外 pour construire en conscience son intérieur Nei 内. A travers l’apprentissage de mouvements codifiés transmis par un professeur qualifié, le pratiquant tisse intérieurement et inconsciemment des relations. Les mouvements internes de son sang, de son Qi, de ses organes, de ses différents tissus conjonctifs, se mettent peu à peu au diapason de l’exécution des mouvements lents qui génèrent alors des prises de conscience, du calme, un abaissement des ondes cérébrales, une prise en compte holistique de sa « totalité » d’être à travers de nouvelles sensations.
Le maître intérieur, le véritable esprit qui guide à travers le Yi n’est pas encore né. L’exécution des mouvements se fait surtout à partir d’une mentalisation réduisant le champ de conscience et les sensations qui lui sont adjointes.
Ouvrir Kai comme réunir He, ces mouvements ne concernent pas seulement les mouvements externes du corps résumés dans les trois harmonies externes San Wai He 三外合 qui sont le bassin et les épaules, les genoux et les coudes, les chevilles et les poignets, mais aussi les trois harmonies internes 三内合 qui sont le Yi avec le cœur Xin 心, le Yi avec le Qi et le Qi avec le Jin. Ce n’est qu’à partir d’une intégration de ces trois harmonies internes connectées aux trois harmonies externes que le corps intégral agit à l’unisson et en conscience. La mobilisation consciente du Nei Qi 内氣 déclenche alors l’ouverture et la fermeture des gestes, le vécu part de ce fait de l’intérieur pour se diffuser vers l’extérieur.
9 - Xiang Lian Bu Duan相连不断 – « mutuellement lié et non interrompu »
Si vous associez tel mouvement à une phase respiratoire, il ne peut s’étendre longtemps et trouve rapidement sa fin. A l’inverse le Nei Qi n’a ni commencement ni fin et de ce fait ne peut être interrompu. Il coule comme le fleuve Jaune Huang He et le fleuve Bleu Jiang He, les deux grands fleuves de la Chine du Nord et de la Chine du Sud. Les forces manifestées à travers les arts martiaux externes sont composées par un début et une fin, par une force émergente au point d’orgue et une fragilité lorsqu’il faut recharger la nouvelle vague. Le vieux Li (force musculaire) est déjà consommé quand le jeune Li n’a pas été encore entamé. A travers la version interne des arts martiaux, l’objectif en est la circularité des mouvements qui se succèdent dans des cycles ininterrompus, comme la vie elle-même qui se répand à travers sa multitude de phénomènes.
Quelle joie lorsque nous vivons l’unité des parties qui se soutiennent mutuellement et instantanément !
10 - Dong Zhong Qiu Jing动中求静 – « maintenir le calme au sein des mouvements centrés »
Le débutant se laisse emporter par l’action qui se déclenche à travers son identité égoïque et de réactions en réactions il s’essouffle et dépense sans modération l’énergie qui se disperse aux quatre vents. Il perd rapidement ses racines, son calme et sa confiance en lui, lui fait alors cruellement défaut. Ses propres réactions relatives à l’attachement aux valeurs externes, à son environnement situationnel, le décentrent à travers un mouvement centrifuge qui disloque sa lucidité. Cependant, petit à petit, avec une pratique régulière et l’application des principes, il trouvera Dong Zhong 动中 ou se tenir au centre comme une montagne, serein et stable tandis que coule paisiblement le fleuve de la vie qui rejoint sans inquiétude l’océan infini.
En conclusion
Ces dix clés dictées par Yang Chengfu, le maitre codificateur du style Yang de Taiji Quan, sont des clés utilisées dans les 6 noms de famille ou styles majeurs du Taiji Quan. Il est cependant évident, comme pour les fleuves, qu’il existe beaucoup d’affluents de pensées qui viennent alimenter ce fleuve principiel, afin de générer une compréhension plus étendue de cette discipline dite « physique » qui recèle de véritables trésors, métaphysiques, philosophiques, prophylactiques.
Tous les ouvrages écrits sur le Taiji Quan en Chine comme ailleurs ne sauraient être suffisants pour l’intégration de cette praxie. Il est essentiel de rencontrer un professeur compétent qui pourra vous faire cheminer le plus loin possible, soyez donc vigilant tout en étant confiant. Le professeur vous indique comment nager, il ne nagera jamais à votre place !
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