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Jean-Jacques Galinier

Jean-Jacques Galinier

Expert en Energétique - Ecrivain - Conférencier et Fondateur de l'Ecole Fa Taiji - Maître Renommé de Taiji Quan "Ming Shi" 12ème Génération du style Chen de Taiji Quan, 6ème Génération dans le style Yang de Taiji Quan - Disciple du Maître Ding Dahong 11ème génération Chen et 5ème génération Yang


Yi, l'Intention

Publié par Jean-Jacques Galinier sur 24 Janvier 2020, 15:36pm

Catégories : #TaichiMag, #Taiji Quan

L’énergie Qi apparaît dès que l’intention Yi arrive

et le Yi arrive dès que l’énergie Qi se manifeste,

aussitôt que le Qi se manifeste, le sens de la force Li arrive.

 

 

Le Yi entraîne le Qi qui produit le mouvement Xing et les formes Xing , lesquelles développent la puissance Li .

Cette succession de termes dynamiques chinois se déroule dans un ordre hiérarchique.

L’intention Yi est une valeur active : elle est le déclencheur du sens du mouvement. Nous pouvons comparer le Yi à une force électromotrice (en électricité-FEM) qui meut des charges électriques au même titre que l’intention Yi génère l’énergie Qi (bioélectricité).

Cette signification intrinsèque découle d’un ensemble de principes ordonnés et ne doit pas être comprise comme une « volonté égotique » coupée du « bon sens naturel ». Le Yi s’exprime dans la « Présence », l’attention, et apporte la capacité d’adapter son action à la situation vécue.

La philosophie « Néoconfucéenne, Li Xue 理 学 », qui a largement contribué aux diverses spéculations et recherches métaphysiques que l’on retrouve dans certains écrits traditionnels du Taiji Quan, est basée sur l’axiome du principe d’ordre Li , appelé aussi « Raison ». Ce Li , bien qu’ayant de nombreux homophones comme le Li de la force musculaire vue précédemment, sous-tend l’Intention qui lui est subordonnée. Cela signifie que le Yi est bien le produit de la Connaissance. Ce caractère Li s’écrit avec la clé Wang du Roi accolée à la représentation d’une doublure ou d’un intérieur (la raison royale intérieure). L’intention Yi procède donc d’une connaissance ordonnée. Dans le cadre de cette discipline d’essence martiale, le Yi se développe par ce substrat martial. Il y plonge ses racines en vue d’épanouir la personne et non la détruire.

Il est dit ainsi : « il faut travailler la forme comme s’il y avait quelqu’un en face de soi, et travailler avec un partenaire – dans les Tui Shou (« poussées de mains ») par exemple – comme s’il n’y avait personne ». Encore un bel exemple de l’intelligence de cette civilisation du Yin (caractères traditionnels) et du Yang . Cette sensibilité martiale est subtile dans l’art du Taiji puisqu’il ne faut surtout pas se raidir au risque de bloquer le flux énergétique. La tête peut comprendre instantanément la direction à donner à sa pratique mais le corps mettra une vie pour l’exprimer correctement.

Une autre façon de voir juxtaposée à la tradition :

La forme se travaille seul, il n’y a personne sauf vous. Donnez-vous alors de la consistance et lorsque vous travaillez avec un partenaire, faites-en sorte de vous effacer, d’être personne, en tant que moi revendicateur. Ainsi l’échange intelligent pourra s’opérer.

Le sens martial permet aux pratiquants de vérifier avec des partenaires s’ils utilisent correctement leur Yi plutôt que la force musculaire. Le terrain de jeu martial sert de terrain d’expérimentations. Celles-ci permettent à chacun de prendre la mesure des nouvelles acquisitions et transformations que cette discipline occasionne. Si ce terrain de jeu n’est pas utilisé, comme c’est souvent le cas, alors le moyen de vérification de ses progrès se loge seulement dans la subjectivité de chacun : « à investissement moindre, résultats moindres ».

 

 

Cependant, beaucoup de personnes n’aiment pas ou ne peuvent pas aborder le Taiji Quan du point de vue martial. Il est difficile alors de leur proposer des exercices martiaux pour tenter de donner du sens aux gestes. Comment rassembler l’ensemble des énergies afin de faire participer toute la mobilité corporelle, depuis les pieds jusqu’aux mains ? L’intérêt de cette discipline réside dans le fait d’accorder le Yi avec le Qi, la pensée créatrice avec le déplacement énergétique qui déclenche le mouvement interne et externe. Comment sortir de son mental et déclencher des sensations physiques ? Il est nécessaire d’apporter des valeurs concrètes à cette pratique, sinon le pratiquant reste prisonnier de son carcan mental et n’arrive pas ainsi à produire du sens aux gestes effectués. Dans ces cas, le Yi peut s’enrichir par des images tirées de situations concrètes de la vie quotidienne. Comment pousser, tirer, soulever, accueillir, rassembler, ouvrir, fermer…, de manière appropriée, avec les possibilités physiques dont nous disposons ? Ces situations concrètes peuvent être vécues dans l’imaginaire de chacun avec un certain engagement corporel. C’est cet engagement qui déclenche des changements énergétiques source de mieux être.       

Chaque mouvement de la vie comme du Taiji Quan est séquencé selon deux phases. La première est la phase de réception, inspiratrice et la seconde celle de production, expiratrice. Entre ces deux phases se trouve un temps d’accumulation et de transformation avant de générer un mouvement vers l’extérieur. Prenons l’exemple du tireur à l’arc qui bande l’arc dans le premier temps, accumule et rassemble le Yi et le Qi dans le temps intermédiaire, pour finalement lâcher la flèche dans la direction souhaitée dans la dernière phase.

Dans la tradition du Taiji Quan, ces deux phases sont nommées Kai « Ouvrir » et aussi « séparer » et He « Fermer, unifier, rassembler ». Le processus intermédiaire se nomme « Qi Chen Dantian 气 沉 丹 田», « le Qi coule profondément vers le Champ de cinabre inférieur ». Nous pouvons comparer le Dantian à un accumulateur d’énergie comme un condensateur électrique, prêt à décharger l’énergie ou encore à une batterie qui stocke l’énergie.

 

L’intention Yi et le Cœur Xin  

Dans certains écrits traditionnels nous rencontrons aussi le terme Xin qui tend à remplacer le Yi, car de façon ordinaire Xin peut également se traduire par « intention » mais aussi « pensée », « esprit ». comme :

 

以 心 行 气

Yi Xin Xing Qi

« Le cœur/esprit met en mouvement l’énergie Qi »

 

Cependant le terme Xin par rapport au Yi (Pensée logique), relève uniquement des attributs de la pensée émotionnelle. Le Yi apaise et concentre l’attention tandis que le Xin l’excite et la disperse.

Pour l’humain, classé parmi les mammifères, c’est bien le cerveau émotionnel limbique qui le mobilise. Toute action et intégration des informations passent par ce filtre émotionnel.

 

太 极 生 两 翼

Taiji Sheng Liang Yi

« L’état de Taiji produit deux polarités, deux ailes »

 

 

Le Taiji, la position sommitale du témoin, ou l’axe vertical Taiji, lui permet de distinguer deux faces à la réalité, tout comme notre néocortex est séparé en deux camps : l’hémisphère gauche relève davantage du Yi car ce dernier se complète par l’étude, et l’hémisphère droit relève davantage du Xin, car il est rattaché à nos racines les plus profondes et ouvert au champ infini d’informations.

Le Yi doit intervenir pour réguler le feu du Xin (voir médecine chinoise) et l’empêcher d’amener de la confusion. La qualité raisonnée contenue dans le Yi tempère les frasques irrationnelles du Xin qui peuvent détourner du but souhaité par une perte de sens. L’émotion tend à diminuer les facultés de lucidité. Le Xin ou la « pensée du cœur » est souvent comparée à un singe qui n’en fait qu’à sa tête. L’état préalable à cette régulation du Yi sur le Xin est l’état de non pensée ou vide de processus mentaux Wu Nian 无 念.

En d’autres termes, l’état de calme nerveux qui est procuré par le Yi « Attention-Intention », dépend de l’arrêt des pensées désordonnées assimilées au cœur Xin et de la « con-naissance qui donne naissance » à des actions construites selon des règles bien définies. Cette connaissance n’intervient toutefois pas dans l’action en utilisant le mode analytique, lequel empêcherait toute spontanéité Zi Ran 自然 garante d’une efficacité adaptée à la situation de vie. De ce point de vue, l’hémisphère gauche et l’hémisphère droit peuvent, avec de l’entraînement, fonctionner en synergie, ce qui donne au Yi une force d’intention complète.

L’hémisphère droit peut alors se comparer à une porte ouverte qui permet de se connecter à toute la mémoire disponible. Cela agit bien souvent de façon inconsciente et son filtre sous-jacent se trouve au niveau du cerveau limbique. L’hémisphère gauche se comporte souvent en sentinelle intraitable qui rationnalise afin de rassurer et de protéger. Par l’apprentissage et l’étude, cet hémisphère gauche peut devenir une sorte de filtre ordonné et ordonnateur, permettant de réaliser des tris et ainsi d’affiner la compréhension de notre monde, source d’une meilleure adaptation. De la sorte, le Yi procède de la fonction complémentaire de nos deux hémisphères cérébraux.

En ce qui concerne l’être humain, la dimension émotive agit aussi comme une sorte de filtre par lequel chaque individu appréhende sa réalité. La fonction limbique du cerveau intervient dès l’apparition des mammifères, il y a environ 200 millions d’années. Cette fonction s’est élaborée en même temps que l’émergence de la chaleur du sang, de l’allaitement des petits, des possibilités de mémoire à long terme grâce à l’Hippocampe. De ce fait, nous mémorisons bien les vécus à forte charge émotionnelle. La partie limbique du cerveau amène de nouvelles possibilités de traitement des situations, largement différente du « cerveau reptilien ou archaïque » (Hypothalamus). L’Amygdale qui fait aussi partie de cette fonction limbique, intervient dans les réponses plus ou moins nuancées face aux peurs.

Le cœur Xin se situe au « cœur », au centre de notre perception du monde. Cette force émotionnelle est une formidable énergie mobilisatrice, qu’il est essentiel de ne pas rompre. A partir de cette gigantesque énergie de vie, nous pouvons trouver des ressources insoupçonnables. La force émotionnelle a juste besoin d’être canalisée par l’apport informatif provenant du « néocortex » réparti en deux hémisphères comme le Yin et le Yang.

Le Yi s’élabore, se réalise dans le Dantian supérieur Shang Dantian 上丹田. Le Xin est en rapport étroit avec le Dantian médian Zhong Dantian 中丹田, et le Qi s’emmagasine dans le Dantian inférieur Xia Dantian 下丹田 à partir du Jing , le germe, l’essence.

 

Le Yi et le système nerveux Shen Jing Xi Tong 神 经 系 统

Yi et système nerveux sont étroitement liés. En effet la prise de conscience sur le plan sensitif inclut automatiquement que l’on ressente telle ou telle zone. Sans le réseau nerveux, la vie corporelle, telle que nous la connaissons, serait impossible, car nous ne pourrions pas distinguer ce qui nous procure du plaisir de ce qui nous amène de la souffrance, ceci étant l’origine du discernement du bien et du mal. De ce fait, le système nerveux rend compte de l’acheminement du Qi dans l’ensemble du corps, bien que la médecine chinoise en distingue des trajets différents. Une zone que l’on ressent comme douloureuse, par notre réseau nerveux, traduit le signe d’un blocage énergétique.

La moelle épinière contient dans son canal central du liquide céphalo-rachidien LCR ou encore appelé cérébro-spinal LCS. Ce liquide a pour rôle principal la protection du Système Nerveux Central SNC (cerveau + moelle) contre les chocs et les atteintes microbiennes. La moelle épinière s’arrête à la première lombaire L1. Le SNC ou névraxe comprend l’encéphale et la moelle épinière. Il est constitué par des cellules nerveuses hautement spécialisées, les neurones. Son rôle est orienté vers la réception, le traitement, l’intégration des informations et les émissions des messages nerveux. Il est dit volontaire car il commande l’ensemble des muscles squelettiques responsables des mouvements. Il trouve son prolongement dans le système nerveux dit « somatique » qui aboutit aux muscles squelettiques (muscles striés).

Le système nerveux autonome SNA ou périphérique SNP est issu du tronc cérébral (bulbe) par des nerfs crâniens sensori-moteurs et de la moelle épinière par les nerfs rachidiens ou spinaux et nerfs entériques. C’est un réseau qui vient innerver l’ensemble du corps (tous les autres tissus, organes, vaisseaux sanguins). A contrario du système nerveux central il est dit automatique, donc non conscient. Il commande l’ensemble des muscles lisses (ex : système péristaltique des intestins) et le muscle cardiaque. Il est aussi appelé système nerveux végétatif SNV et est composé de deux faces antagonistes et d’un système digestif autonome appelé « entérique ». Ce cerveau viscéral ou entérique est formé par un tissu réticulaire tout comme le cerveau supérieur et capital, soit 200 millions de neurones, mille fois moins que dans la tête, mais autant que dans la moelle.

Pour le SNV, l’une des faces appelée « sympathique ou orthosympathique » s’occupe de l’accélération, de la vasoconstriction périphérique et est tournée vers l’action tandis que le parasympathique fait office de contrôle, de ralentisseur et est axé vers le repos, la récupération et l’élimination (conservation et restauration des réserves du corps après une réponse alarmiste face au stress de l’orthosympathique).

Dans ce schéma, nous pouvons voir les deux flèches qui relient de part et d’autre, le Système Nerveux Central avec le Parasympathique et le Système Nerveux Entérique avec l’Orthosympathique. Nous pouvons comprendre ces relations à l’aide du montage des Bagua du Ciel Antérieur, Le Parasympathique étant la fille du Ciel (SNC) et l’Orthosympathique étant le fils de la Terre (cerveau viscéral).

Le système nerveux est aussi couplé au système chimique endocrinien, hormonal. Nous pouvons comparer l’ensemble des nerfs à un réseau électrique qui commande et déclenche des processus chimiques, en vue de telles ou telles actions.

 

Le Yi peut se traduire par le fait d’une intervention consciente qui va mobiliser l’ensemble du corps pour répondre aux besoins imminents des situations en cours, en se servant du Système Nerveux Central SNC dit « volontaire » et du Système Nerveux Autonome SNA en double commande accélérateur (le Sympathique) et frein (le Para-sympatique), le relais du SNA se mettant au service de la conscience.

Comment pouvons-nous traiter l’information à de telles vitesses si celle-ci devait uniquement cheminer de façon nerveuse et pire encore de façon chimique (hormonale) ? La raison nous impose le fait que les communications entre chaque cellule se font de manières quasi instantanées et unitaires. Observez seulement la gestion des mouvements sur le plan sportif : comment est-ce possible de réajuster une situation entre des milliards de cellules et ce dans un temps quasi nul ?

Nous sommes devant un fait non matérialiste ou tout du moins de l’ordre de l’invisible. Les télétransmissions modernes nous font toucher du doigt l’existence de ce type de réalité. Le cervelet n’est pas innervé, ne contient pas un réseau complexe de neurones. Peu d’études scientifiques existent sur le cervelet car il est tout simplement mystérieux comme d’innombrables phénomènes et réalisations de la nature. Il semble que le cervelet agisse comme une unité centrale de télétransmissions afin que l’ensemble du corps puisse gérer de façon presque instantanée l’attitude à tenir face à une situation donnée.

Le cervelet serait le premier centre à recevoir l’information et il est logique aussi qu’il soit le centre informatif de l’équilibre et de la coordination de l’ensemble du réseau vivant.

 

Conclusion 

Le Yi sans le Qi qui évoque des manifestations révélées, serait semblable à l’aspect Yang sans son aspect Yin ce qui serait un non-sens. Or l’humain est capable de mentaliser, penser sans toutefois déclencher des forces concrètes. Il en est de même pour le Qi qui trouve son interface matérialisée dans le sang et les liquides organiques. Comment pouvons-nous appréhender le concept du Qi sans la réalité physique des flux organiques liquidiens ? Nous pouvons aussi dire que le Yi doit s’associer au Xin du cœur et l’ensemble peut ainsi être nommée « cœur esprit ». Le cœur est un formidable organe d’une grande puissance électromagnétique et le Yi en est la conscience qui donne la direction, le sens à cette force. L’accord entre ces deux interfaces est indispensable pour passer du virtuel rêvé à la Réalisation à travers l’incarnation.

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